Forêt symbolisme : naissance, source de vie, la femme, la mère,
coupe l’horizon, ralenti le développement, envahissante, mystères, éternalité....
C'est du labeur de défricher, couper, entretenir.
Assidus à la tâche, l'action se fait sérieusement, quasi religieusement...
Le travail n'est jamais achevé.
On est concentrés, attelés à une occupation importante, un devoir, on exécute.
En silence.
L'enfant et le père travaillent.
ils sont ensemble pour cela : travailler, apprendre.
En silence.
Le père n'est, de toutes façons, pas un bavard. Les mots c'est pour écrire et encore.
Ce qu'on sait n'a pas besoin d'être dit.
Et les effusions, c'est rien que de la fioriture.
La forêt, il aime bien.
Les arbres il comprend. Ils sont comme lui.
Grosse écorce. solides. Indéracinables. La vie est dedans, cachée, l'essence inaccessible....
Le fils, il les trouve sans doute, bien grands tous ces arbres. C'est joli, mais c'est pas très doux...
Le père et le fils sont ensemble, souvent, que tous les deux, que dans la forêt,
qu'en silence.
En levant le visage, le fils pourrait voir, que sur tous les arbres il y a des feuilles, nées de l'arbre, nourries par l'arbre, protégées par sa hauteur....
Mais c'est très haut tout ça pour le fils. Pis ça fait mal à la nuque d'essayer de regarder si haut...si loin...
Alors on coupe, on taille, on travaille...
en silence.
Tout est là, sous ses yeux, autour de lui, tous ces mots jamais prononcés, la forêt les peint, les écrit de plein de couleurs, lui explique la vie qui passe, les saisons, la force qu'il faut pour devenir grand. Tout est là. Le père le sait (peut-être même sans le savoir vraiment ...), le message qu'il pourrait dire avec les mots, la forêt le montre mieux qu'il ne peut dire.
Le fils trouve ça bien barbant à force, pis les copains ils jouent au foot avec leur père, ils vont à la pêche, ils se serrent dans les bras.
On ne peut donner que ce que l'on a.
Le fils il a pas beaucoup de mots à dire.
Pas l'habitude.
Il n'aime pas trop.
Ni rien dire. Ni dire.
Il fait comme on lui a montré.
N'empêche que ce père, il aurait pu dire un peu... elle est bien jolie sa forêt.... mais le fils, l'enfant, c'est les mots qui le font grandir.
Mais il a été bon élève. Il a bien appris à ne pas dire.
Jusqu'à ce jour, enfin, où le fils parle au père des mots.... qui ont été si longtemps "ses maux".
Le père, il entend.
Le père, il savait pas ; ni dire, ni le besoin du fils.
Tous les arbres s'adaptent aux terrains où ils doivent grandir et faire naître la sève, pour les feuilles, pour la vie.
Le père s'est mis à parlé avec le fils.
C'était bon.
C'était court.
Le père n'était pas tout à fait un arbre... il est parti plus vite que ceux de sa forêt.
A nouveau.... le silence.
Tu as su le manque que c'était.
Tu t'es contraint à t'y faire.
Tu as gouté à ce qui te manquait...
et...
.....
NON.... !!!! c'est pas parti !
C'était court. Mais c'est pas parti !
C'était le début d'une autre façon de t'apprendre qui était ton père.
Un début.
Tu n'es pas obligé de retourner, en silence, dans la forêt.
Tous ces moments trop silencieux, sont l'horizon que coupait la forêt.
Tous ces instants qui n'étaient pas comme tu voulais, sont les temps en trop que cela t'a pris pour t'épanouir.
Tous ces souvenirs dans la forêt sont autant de moments envahissants de ta vie d'enfant, que de source de vie pour ta vie d'homme.
Tous ces jours avec ton père dans la forêt, ça a fait assez de silence.
Avant de partir, ton père a fait du bruit, dans ton coeur.
Il t'a appris.
La aussi, sois bon élève....